En guise de préambule
Le projet des associations du Réseau des Créfad et nos propositions s’ancrent au quotidien dans un ensemble de manières d’être, de faire ; dans des postures, des attitudes et des méthodes régulièrement examinées, questionnées et mises à jour par les membres du réseau. Par là-même, nous posons l’exigence d’être, en permanence, en devenir. En nous éloignant prudemment des routines, des recettes, des dogmes, et de ce qui pourrait n’être qu’un prêt-à-agir ou un prêt-à-penser normalisés, immuables. Par exemple, en articulant théorie et pratique.
La curiosité comme matière première, comme ce goût pour se poser les questions les plus inconvenantes. Curiosité qui nous invite nécessairement à l’ouverture et à la rencontre. Entre nous et avec les autres. À un échange de parole libre c’est-à-dire organisé selon des règles comprises et partagées. À l’échange et à la critique. La parole entendue comme discussion et action sur ce qui est commun, comme condition fondatrice du politique.
Nous cultivons et transmettons l’art de questionner le monde, afin de susciter l’épanouissement de la vitalité que chacun·e porte en lui-même. Épanouissement entendu dans le sens d’une augmentation de la puissance d’agir de soi-même, et des autres, dans le même mouvement. Questionner notamment les évidences qui peuplent notre quotidien et auxquelles nous ne prenons pas garde.
Comme on l’a dit, nous ne délivrons pas de recette toute faite. Il appartient à chacun·e de s’approprier les démarches et méthodes que nous proposons, de les travailler dans sa pratique, individuelle aussi bien que collective. De les mobiliser dans les situations où il ou elle intervient. Ce qui nous conduit également à susciter et diffuser les postures et les méthodes de la recherche en sciences sociales, tournée ici vers l’action. Cette exigence passe notamment par l’écrit, et nous faisant éditeurs, nous avons pour ambition de susciter, favoriser, cultiver et valoriser l’écriture et la lecture sur toutes les questions que nous posons à nos pratiques. Cependant, penser ne saurait être enfermé dans une approche purement intellectuelle. Les découvertes scientifiques renforcent notre conviction que c’est le corps qui pense, qui pense à partir de ce qui l’affecte, et que la pensée s’enracine aussi dans l’émotion. S’entraîner à penser, c’est donc nécessairement entraîner son corps à être affecté, en en prenant soin.
Transformer nos problèmes de terrain en objets de recherche
Les mots « recherche » et « étude » sont inscrits dans l’acronyme CREFAD. Elles font partie de l’identité du Réseau des Créfad.
Lutter contre l’artificiel clivage entre ceux qui agissent (les « manuels ») et ceux qui pensent (« les intellectuels ») : nous vivons la recherche comme une activité réalisée qui puisse être conduite par les acteurs·e·s et/ ou conjointement avec des chercheur·e·s, comme manière de reprendre du pouvoir sur nos actions et terrains.
Les acteur·e·sde terrain ont les solutions à leurs propres problèmes, à la condition d’être en capacité à construire les problèmes avec justesse et méthode : ils sont les meilleurs experts de leurs situations.
S’inscrire dans des relations partenariales avec d’autres acteurs de la société est un principe fondateur du Réseau des Créfad (nul ne peux agir seul, dans une approche cloisonnée) et s’inscrire dans des espaces collectifs est une condition à l’efficacité des actions. Dans ce contexte, nous créons au sein des démarches des recherches conduites des espaces de confrontation des regards (acteurs, scientifiques, décideurs… sans hiérarchie des prises de parole) à la fois pour soutenir l’exigence méthodologique et la rigueur intellectuelle (se traduisant notamment par poser des questions au terrain plutôt qu’appliquer des réponses a priori) et à la fois soutenir l’effort engagé par les acteur·e·s. Il s’agit aussi de renforcer dans chaque association membre et, pour chaque association membre, dans ses relations partenariales locales, la capacité à penser et innover.
Avec d’autres
Le Réseau des Créfad tente de multiples manières de ne pas cloisonner les savoirs et leur construction, et encore moins de les hiérarchiser. D’une part, les savoirs aussi sont multiples et d’autre part ce serait faire fi des enjeux de pouvoir souvent à l’œuvre autour de leur constitution et transmission. Alors cela nous amène à développer des relations avec des mondes qui parfois se vivent et/ou se pensent étanches. Il nous faut développer de l’interconnaissance et créer une relation sur le long terme par la proposition ou la participation à des espaces de collaboration concrète entre le monde associatif et le monde « reconnu » de la recherche.
Nous sommes en ce sens, en lien avec plusieurs universités : dans le cadre du réseau international des hautes études de la pratique sociale et de nombreux universitaires intervenants ; dans le cadre du FONJEP recherche ; dans le cadre du SIAES-DHEPS ; dans le cadre de partenariats ad hoc.
Se former à la recherche-action, se former par la recherche-action
Le Réseau des Créfad propose depuis plus de vingt ans un Séminaire Itinérant Acteurs et Entrepreneurs sociaux (SIAES) qui constitue l’ensemble du dispositif de formation, d’accompagnement à et par la recherche-action et qui s’appuie sur un ensemble de principes et de méthodes constitutifs du Diplôme des Hautes Études des Pratiques Sociales (DHEPS), certification obtenue à la fin de ce parcours de formation.
Une formation pour…
- Analyser son expérience sociale et le contexte dans lequel elle s’inscrit ;
- Articuler son expérience et celle des autres aux savoirs théoriques afin de renforcer son action sur le terrain ;
- Faire l’apprentissage de la démarche de la recherche en travaillant sur un objet issu de sa propre pratique ;
- Améliorer la maîtrise de l’écriture comme outil de la pensée et de l’action.
Un itinéraire collectif sur trois ans dans différents territoires et milieux sociaux, entrer dans une démarche de recherche-action avec des outils.
Un mémoire de recherche finalise ce parcours et parfois est transformé en une publication pour transmettre les connaissances issues de la recherche.
Retrouvez des mémoires présentés dans notre bibliothèque dédiée.
Porter à connaissance les savoirs construits
Il ne s’agit pas de s’enfermer dans la recherche et ne pas la réduire à la seule action, il s’agit aussi de partager ce travail rigoureux d’avoir construit un problème à partir de nos terrains, de le mettre au travail par des apports théoriques et scientifiques, de le confronter à d’autres acteurs concernés, d’en tirer des éléments de compréhension du problème et parfois des perspectives concrètes.
- par la publication d’ouvrages et d’une revue
Le Réseau des Créfad prend la fonction d’éditeur, c’est-à-dire dans notre contexte, soutenir la transformation d’une recherche écrite dans une forme souvent universitaire en une forme plus ouverte.
Vous les trouverez à la page Librairie.
- par le partage de fiches de lectures ou d’articles ou de rapports et autres synthèses
Vous les trouverez à la page Bibliothèques
- la proposition d’atelier-formation, de rencontres d’auteur·es, de débats ou encore d’arpentage des ouvrages concernés
De nombreuses études réalisées dans des cadres partenariaux
A titre d’exemples :
- sur le milieu rural : étude des conditions de viabilité des créations d’activités (à l’échelle nationale et locale), étude sur la pauvreté, la précarité et les stratégies de survie, au niveau de Massif central.
- sur la jeunesse : engagement des jeunes dans les associations ou encore le test d’activité par les jeunes
- sur les politiques sociales en milieu rural, avec la fédération des centres sociaux et la CAF de l’Allier.
- sur la place du livre et de la lecture dans les accueils de loisirs avec le Salon du livre jeunesse et de presse de Montreuil soutenu par la Ministère de la culture.
- sur l’agriculture : autour des questions de transmission